Argile et bicyclette,
c'est aussi, surtout et plus que tout bi-cy-clette!
Vous savez cette petite machine sans électricité qui avance grâce au vent que tu souffles dans tes mollets. À cheval sur ce vélocipède depuis 4 saisons maintenant, mes méninges s'activent et je médite. J'enchaîne les coups de pédale comme j'enchainerais les pots sur mon tour.
Je n'oublie pas aussi de rêver et je regarde les fleurs au bord du chemin.
Je me sens proche du vent, de la pluie puis, lors de nos bivouacs, du feu. Mes pensées se tournent alors vers les potiers qui connaissent si bien ces éléments, y ajoutant le quatrième : la terre.
L'instantanée n'existe plus, l'éloge de la lenteur a pris sa place. Le vélo te mène seulement là où ta capacité physique et mentale le permet, l'argile fait de même. Dans les deux cas de figures, le temps dicte sa loi, peu importe la quantité de matière ou de volonté.
Quelques dizaines de kilomètres par jour et huit mois plus tard, me voici en Turquie.
De l'argile et du feu et voici des pots qui traverseront des millénaires.
Le vélo emmène avec lui une symbolique forte d'alternative au pétrole
mais surtout illustre parfaitement la liberté.
Dans nos ateliers d'artisans indépendants gardons en tête ces questions : D'où viennent nos matières? Comment cuit-on? Avec quelles énergies? Que faire des surplus de production? À nous de proposer des objets quı permettront de sortır de l'ère plastique
et de rester dans une démarche de retour à la terre.
Car je n'oublie pas de cauchemarder
et je ne regarde pas seulement des fleurs au bord du chemin mais des déchets.
Déchets plastiques principalement.
Et ce, à chaque instant depuis 7000 kms, le long des chemins, des plages et des forêts.
Nous, artisans, avons un rôle à jouer : proposons une alternative à tous ces emballages et objets éphémères qui font à présent et malheureusement partis du paysage.
Et je chante et chanterai sur ma bicyclette :
Moins de plastique, plus de céramique !